Il m’empêche de servir Dieu
Il y a deux façons, pour un incroyant, d’empêcher sa femme de servir le Seigneur : activement ou passivement.
Dans le cas d’une opposition active (le plus fréquent), le mari s’oppose volontairement à la contribution de sa femme à une œuvre donnée.
Après quinze ans de vie chrétienne, j’avais pris de nombreuses responsabilités dans une toute jeune église située à une demi-heure de route de chez nous. Je m’y rendais plusieurs fois par semaine, en journée et en soirée. J’avais quitté mon emploi de cadre mais cette nouvelle église m’offrait de nombreuses occasions de mettre en œuvre certaines capacités professionnelles. J’y étais également la seule musicienne, ce qui supposait d’être présente à tous les cultes et toutes les rencontres (baptêmes, mariages, conférences etc.). Pour mon mari, c’était beaucoup trop. Quand il a appris que j’avais l’intention d’y faire le ménage à l’occasion, il me l’a interdit. Il estimait que cette tâche pouvait être réservée à ceux qui ne pouvaient s’investir dans les activités plus complexes qui m’occupaient. J’ai dû me faire retirer de la liste des volontaires. Craignant (sans fondement) d’être mal jugée par mes frères et sœurs à cause de ma défection, j’en voulus à mon mari de m’empêcher de servir Dieu de cette façon.
La lecture de 1 Corinthiens 4:3-4 m’a, par la suite, apaisée : “Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous, ou par un tribunal humain. Je ne me juge pas non plus moi-même, car je ne me sens coupable de rien ; mais ce n’est pas pour cela que je suis justifié. Celui qui me juge, c’est le Seigneur.” Placer mon investissement sous le regard de Dieu m’a alors permis de réaliser que je n’étais pas coupable de ne pas en faire assez, mais plutôt d’en faire trop…
Ainsi, l’opposition de mon mari m’a montré que je m’égarais ; au lieu d’être un frein, elle a été pour moi un facteur de progrès.
Mais il arrive aussi que le mari fasse obstacle passivement à l’action de sa femme : c’est l’œuvre elle-même qui s’oppose à la contribution de la femme à cause de l’incrédulité du mari.
Peu après ma conversion, j’ai été invitée un soir à la présentation d’une association chrétienne qui, bien que comptant déjà 260 000 membres dans le monde, cherchait à recruter des bénévoles. Enthousiasmée par cette œuvre, je suis allée proposer mes services à la fin de la réunion. J’aurais été célibataire ou veuve, je pense que la conversation serait allée plus loin. Mais, étant mariée, on m’a fait savoir que je ne pourrais pas précéder mon mari dans cette association. Je suis rentrée chez moi, déçue, avec la pensée erronée que j’allais devoir convertir mon mari pour avoir le champ libre…
Ce n’est qu’avec le recul que j’ai vu les choses meilleures que Dieu avait en réserve pour moi.
Je n’ai pas eu à regretter de ne pas rejoindre cette méga-association dont l’action m’enthousiasme encore aujourd’hui. Je suis devenue présidente d’une dynamique petite association, dans laquelle j’ai la faculté d’allier spiritualité et exercice de mes anciens talents professionnels.
Quant au ménage de l’église, l’occasion m’a été donnée de collaborer avec Dieu par ce service, tout en respectant l’avis de mon mari. Voici comment.
Un jour, faute de volontaires, il a été décidé que chaque famille de l’église contribuerait au ménage à tour de rôle. Il a donc été annoncé publiquement que je serais de service la semaine suivante. D’un côté, j’avais très envie de faire valoir mon excuse mais de l’autre, je ne voulais pas que cette résolution d’église commence par mon désistement. Pendant quelques jours, je me suis angoissée avec cette question, jusqu’à ce que je décide d’en parler à mon mari.
Sa première réaction a été de refuser fermement que je consacre davantage de temps à l’église. Pourtant, depuis que j’avais réalisé mes excès, j’avais réussi à réduire notablement mon activité. Il ne me restait en fait qu’une heure de répétition de musique avant le culte, ce qui ne générait même pas de trajet supplémentaire. Mais mon mari n’avait jamais pris conscience de ces changements ; il était resté sur l’idée que les activités d’église accaparaient sa femme déraisonnablement. J’ai donc pu apaiser ses pensées à ce sujet.
Ce ne fut pas le seul bénéfice de notre conversation.
Une fois radouci, mon mari chercha des solutions. Comprenant que si chacun jouait le jeu, le tour de ménage ne reviendrait qu’une fois par an, il suggéra que je me fasse aider par Madame M., la femme de ménage qui s’occupait de notre domicile depuis six années. Je trouvai l’idée excellente.
Après s’être assurée du type d’église dans lequel je voulais l’emmener, Madame M. accepta d’y passer une matinée avec moi. Pendant l’heure de trajet, nous avons discuté. Jusque-là, elle n’avait jamais répondu favorablement à mes tentatives de la rapprocher de Dieu. Mais par l’intervention de mon mari, nous avons enfin pu aborder la question de la foi. Je ne dis pas qu’elle s’est convertie dans ma voiture, mais j’ai tout lieu de penser que pendant cette matinée, un maillon a été ajouté à la chaîne qui, un jour peut-être, la reliera à Dieu.
Nous pouvons être appelés par Dieu à un service régulier tout comme à des tâches ponctuelles. Je pense souvent à Ananias, disciple de Jésus à Damas. Nous ne savons rien sur son service régulier mais c’est à lui que Dieu veut confier une tâche de la plus haute importance au moment de la conversion de Saul. Dès l’appel de son nom, il répond : “Me voici, Seigneur !” (Actes 9:10). Sa disponibilité n’empêche pas une réaction de peur bien légitime quand on connait la persécution qu’inflige Saul aux chrétiens. Mais Ananias se rassure en Dieu au point d’appeler Saul “frère” dès leur premier contact. La disponibilité, l’humanité, l’obéissance et la foi d’Ananias font de lui un personnage à qui j’ai envie de ressembler.
J’ai acquis la conviction que Dieu ne laisse aucun de ses enfants désœuvré. Etant présent dans toutes nos circonstances, il est bien au courant des obstacles qui se dressent autour de nous ou dans nos pensées. A nous de rechercher quels sont ses plans pour nous, et d’y entrer avec confiance, sachant qu’ils sont spécifiquement adaptés à notre situation et que les oppositions que nous rencontrons ont du sens.
J’ai aussi compris que, quelles que soient les circonstances, dans ma routine quotidienne comme dans les moments d’exception, dans ma pleine activité comme dans ma maladie, il est une façon de servir Dieu à laquelle je peux toujours m’inscrire : j’ai à être une aide pour mon mari.
Dur dur! Je n’ai jamais voulu venir en France mais c’était dans le plan de Dieu. Du coup, lorsque j’ai commencé après des années dans une Assemblée à ruminer ce qui n’allait pas, à intégrer la vie de l’Eglise, la communion fraternelle est devenue vitale pour moi, mon humeur et même la paix dans mon foyer en dépendait.
Parce que je me sentais seule, incomprise, rejetée à cause de ma foi; parce que mon mari, mes beaux-parents ne rataient pas une occasion de m’humilier; lorsque mon époux refusait que je fasse quelque chose ou participe à un évènement, je piquais des crises….l’atmosphère était lourde, j’avais beaucoup de mal à me contenir. J’avais été trahie à plusieurs titres et je me disais qu’il n’avait pas le droit de me refuser ça. Je raisonnais en me disant qu’il préférait peut-être que j’aille au resto ou au ciné avec des copines….et pourtant j’étais une bonne femme d’intérieur, je l’honorais….
Il s’arrangeait pour mettre des repas de famille les dimanches après midi, les mardis ou vendredis soirs et cherchait des occasions pour justifier son manque d’égard, ses absences, son désintérêt…
Je me suis tellement braquée qu’à un moment donné il a commencé à me dire “de toutes les façons tu fais toujours ce que tu veux”.
Une soeur m’a offert le livre de Rick Warren “Une vie motivée par l’essentiel” et j’ai écouté plusieurs messages en temps de crise tels que “Mettre du vin nouveau dans mon couple” de Mohammed Sanogo; et je bénis le Seigneur pour ces oeuvres pour le corps de Christ pour son Esprit Saint qui m’ont gardée de tirer trop sur la corde car elle allait casser.
Aujourd’hui, je ne dirai pas que j’ai sa bénédiction pour servir. Je tâtonne encore sur les limites de la soumission face à quelqu’un qui ne veut pas entendre parler de Jésus et qui est dans toutes sortes de pratiques occultes.
Nous ne sommes pas toutes appelées à nous consacrer aux grandes détresses visibles de ce monde, mais nous avons toutes la faculté d’influencer favorablement le monde qui nous entoure. Au lieu de nous braquer sur ce que nous ne pouvons pas faire, demandons : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » et il indiquera, en toute connaissance de nos contraintes, des œuvres dans lesquelles nous nous épanouirons et auxquelles il donnera un retentissement qui nous surprendra.