Je n’ai pas la liberté de jeûner
Dans une église où je venais d’arriver, il fut décidé de faire une chaîne de jeûne et prière pour comprendre dans quel projet engager l’église. J’hésitai longuement, n’étant pas coutumière du fait. Quand je me décidai enfin, il ne restait qu’un créneau à l’heure du dîner et je m’inscrivis à contre cœur. Le moment venu, je mentis à mon mari, prétextant que j’avais mal à la tête, et partis m’isoler, laissant ma famille dîner sans moi.
J’en voulus à mon mari de ne pas être à même de comprendre ma démarche. Ma rancœur et le manque de nourriture me déclenchèrent pour le coup une vraie migraine. On ne peut pas dire que j’étais dans les meilleures dispositions pour prier. Cette expérience me laissa un goût amer.
Dieu appréciait-il vraiment que je me rende malade et que je prive de moi ma famille? La recherche de direction pour l’église nécessitait-elle un tel sacrifice de ma part ?
Esaïe 58:6-7 : « Voici le jeûne auquel je prends plaisir : détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l’on rompe toute espèce de joug ; partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable. »
Partage ton pain avec celui qui n’a rien… Ne te détourne pas de ton semblable…
Etre encore le seul chrétien dans sa famille, c’est être le seul à connaître le pain de vie.
Comment jeûner avec ma famille ? Peut-être justement en restant à table et en décidant que le repas que nous allons prendre ensemble sera, plus encore que les autres, dédié à apporter à mes proches la nourriture spirituelle dont ils ont besoin.
Tous les repas peuvent être placés sous le regard de Dieu. Cela vaut la peine de rendre grâce, même silencieusement. Ce n’est pas seulement montrer sa reconnaissance d’avoir à manger, c’est aussi remercier Dieu de cette occasion de se trouver un moment réunis en famille (c’est souvent la dernière chose que l’on fasse encore tous ensemble quand les enfants grandissent). C’est remercier Dieu de ce que le Saint Esprit est là, en la personne d’un enfant de Dieu. C’est décider de se laisser inspirer par le Saint Esprit afin que les conversations, les gestes, apportent des bienfaits aux convives.
A table ou ailleurs, jeûner, c’est mettre ses besoins propres en arrière-plan, après ceux des autres. C’est se rendre pleinement disponible, attentif, agissant pour apporter aux autres l’amour et la lumière de Dieu. C’est se mettre en campagne active pour bénir les autres.
Jeûner à table, avec sa famille, c’est possible et cela réjouit Dieu. Jeûner pour son mari incroyant, au sens d’Esaïe 58, est une priorité. Et s’il faut pour cela dîner au restaurant, savourons l’instant comme donnant du plaisir à Dieu.
Merci pour ce regard sur le jeûne, très clair et très profond.
Je dirais que jeûner, c’est être disponible pour l’autre, et au travers de cela, pour Dieu.